dimanche 13 mai 2012

L'avenir économique en Europe




Les élections en France et en Grèce ont amplifié la volonté du peuple d’un changement dans les stratégies européennes économiques et l’on assiste en quelque sorte à un rejet de l’austérité comme manière de parvenir à une solution pour contrer la crise économique. Quoique je crois qu’un plan d’austérité est absolument nécessaire et que je suis un peu pessimiste quant au changement des structures de pouvoirs économiques probables après les élections, il est aussi évident que l’Europe doit aussi posséder un plan de croissance et que les coupes seules ne peuvent amener vers la sortie de la crise.

Je trouve qu’il est un peu dommage que les politiques centristes aient fait l’objet de peu d’attention et que les partis polarisent souvent l’opinion publique. Personnellement, François Bayrou gagnait mon estime par son esprit pragmatique en se distançant des étiquettes de gauche et de droite.  Bayrou se concentrait plutôt sur la nécessité de réduire la dette publique, et ce par des mesures qui sont chéries par la droite et la gauche, telles qu’un gel des salaires des fonctionnaires, la hausse des taxes sur le capital des plus riches et une diminution des exemptions de taxes.

Cependant, je ne crois pas que l’élection de François (ce nom semble très populaire en politique française…François Bayrou, François Hollande, François Mittérand…) Hollande soit nécessairement une catastrophe pour la France et que les répercussions ne soient que négatives. Il est vrai que depuis que les socialistes ont pris le pouvoir la dernière fois sous François Mitterrand, le taux de chômage est passé de 6% en 1981 à 9,6% en 1993 (même si le taux de chômage a atteint 10% en 2010 sous Nicolas Sarkozy, UMP). Cependant, les socialistes ont aussi prouvé qu’ils pouvaient être pragmatiques et ils entretenaient quand même une bonne relation avec la droite, comme démontré par la relation entre François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl, qui est du même parti politique que la chancelière conservatrice actuelle Angela Markel. Il est donc pour moi préjugé de dire que les relations franco-allemandes se détérioreront drastiquement sous la présidence de Hollande.

De plus, il est clair qu’il y a un déséquilibre au niveau des échanges commerciaux au sein de l’Europe. Ainsi, l’Allemagne a bénéficié d’une expansion macroéconomique en concentrant son économie sur l’exportation et celle-ci représente plus d’un tiers de son PIB. La Grèce, quant à elle, est un pays majoritairement de consommation et son pourcentage de consommation domestique représente plus de 92% de son PIB, ce qui s’explique par un crédit très accessible et des salaires qui augmentent alors que la productivité de va pas de même. Un plan de croissance pourrait possiblement apporter certaines solutions quant à une possibilité de diversifier l’économie grecque, ce qui ne veut pas dire que de strictes mesures d'austérité doivent être mises de côté.

Je ne crois pas possible que l’idéalisme socialiste de Hollande puisse être mis en action. Plutôt, il semble probable que Hollande apportera des éléments nouveaux au plan d’austérité mis à l’avance surtout par Sarkozy et Merkel et qu’il pourra peut-être apporter de nouveaux éléments qui favorisent la croissance aux côtés de l’austérité. Je crois qu’il est quand même favorable d’avoir un plan équilibré et que l’austérité seule n’a pas donné des résultats très favorables. Par exemple, l’Espagne est sûrement le pays qui a le mieux appliqué le régime minceur de l’austérité et ce pays se retrouve maintenant dans une situation comparable à la Grèce, avec un taux de chômage de plus de 20%. Il est clair que l’Europe a besoin d’une voix nouvelle, mais que cette voix doit être plutôt pragmatique qu’idéologique et partisane.

Le problème qui reste toutefois au sein de la zone européenne est celui des finances de la Grèce et en se fiant aux résultats des élections, il est encore très loin de se régler et ce sont les problèmes de ce pays et sa possible banqueroute qui pourraient entraîner toute l’Europe dans une catastrophe économique, tout en affectant tout le marché international. Le vote grec n’a jamais été autant fragmenté et les partis pro-européens et pro-austérité n’ont jamais obtenu autant de pires scores, tels la Nouvelle Démocratie et les négociations qui ont lieu penchent plutôt vers un échec et vers de possibles nouvelles élections, ce qui plongerait la Grèce encore plus dans le chaos et lui empêcherait sûrement de recevoir de nouveaux fonds européens. Après les élections, un climat de très grande instabilité politique règne en Grèce et comme dans toute période de crise, l’on a assisté à la montée de partis extrémistes qui profitent de la peur des gens afin de propager une idéologie xénophobe. La même chose est arrivée en France avec le résultat assez spectaculaire du Front National de Marine Le Pen, qui a récolté plus de 18% des voix. Je ne peux que m'étonner devant un tel score puisque ce parti était dirigé par un chef, il n'y a pas très longtemps, qui reniait l'Holocauste...

Bon la situation en Grèce explique en grande majeure partie mon pessimisme. Mais j’espère qu’une possible réorientation du plan fiscal européen pourrait dépolariser la situation économique afin que l’avenir ne soit pas noir pour l’Europe, sans non plus dépenser aveuglément en stimuli économique.

Leglobe.ca, 6 mai 2012

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