«Pour quelle entreprise privée ira travailler
Line #Beauchamp maintenant?»
Ou encore,
«Ce n'est pas la démission de Line Beauchamp que veulent les étudiants en
grève, c'est l'annulation de la hausse. #modesolution #ggi»
Dix minutes après l’annonce de sa résignation comme ministre
de l’Éducation et députée de l’Assemblée nationale, Line Beauchamp a été au
centre des discussions sur Twitter comme celle-ci et le sujet était la tendance
la plus populaire pendant plus de deux heures hier. Certains ont préféré se
moquer tout court de la ministre, d’autres ont souligné l’événement d’un ton
ironique tandis que d’autres, comme Denis Coderre, ont tenté de rappeler le
caractère humain de Mme Beauchamp et son héritage en tant que politicienne
accomplie.
La réaction des différentes associations étudiantes, quant à
elle, s’est faite dans le respect et Léo Bureau-Blouin, de la FECQ, a tenu à
souligner l’importante contribution de Mme Beauchamp à la vie politique.
Gabriel-Nadeau Dubois de la CLASSE, lui, fait valoir que cette résignation ne
représente pas une victoire. Maintenant, l’ensemble des associations espère que
Michelle Courchesne, nouvelle ministre de l’Éducation, fera preuve de plus d’ouverture.
Cependant, les associations étudiantes ne réalisent pas que
le même discours sera répété par le gouvernement et il serait très étonnant que
le gouvernement accepte de faire plus de concessions. Effectivement, Mme
Beauchamp a justifié son retrait de la vie politique par le refus des
associations étudiantes de bouger d’un pouce de leur position. Encore pire, on
semble plutôt assister à un durcissement du ton du gouvernement face à la grève
étudiante et aux manifestations. M. Raymond Bachand, ministre des Finances, a
déclaré ce matin que la porte serait ouverte à une loi spéciale qui rétablirait
l’ordre et ferait respecter les injonctions pour la reprise des cours si jamais
les associations étudiantes campent encore dans leur position après la
discussion avec la nouvelle ministre de l’Éducation.
Personnellement, je trouve qu’il est difficile de comprendre
comment le respect des injonctions n’est encore pas appliqué. L’ordre de la
société repose sur notre système judiciaire et un refus d’obtempérer à un ordre
de la cour ouvre les vannes vers une anarchie de la société. N’importe quel
groupe pourrait décider de se révolter contre une politique gouvernementale, qu’il
s’agisse de hausse d’impôt ou encore de l’électricité. Tout citoyen se doit de
respecter l’ordre judiciaire et une minorité de la population ne devrait pas
être au-dessus de la Loi.
D’ailleurs, je trouve que les grands perdants de ce conflit
sont les contribuables puisque ce sont à eux que sera transmise la facture des
heures supplémentaires des policiers et leurs intérêts n’ont été que très peu
considérés dans cette crise. De plus,
les manifestations se sont constamment attaquées aux citoyens de Montréal qui,
après tout, n’ont rien à voir dans ce conflit.
Ce que je ne comprends pas non plus, c’est comment les
associations étudiantes veulent avoir le même statut légal que les syndicats
pour ne pas être victimes d’injonction. Cependant, un syndicat est là pour
négocier et représenter les travailleurs tandis que les groupes étudiants
proposent des solutions irréalistes qui ne seront évidemment jamais respectées.
Même si je trouve parfois les propositions syndicales un peu exagérées, au
moins, la plupart du temps, le conflit cesse après une entente du juste milieu
après que des propositions concrètes et réalistes soient faites pour vraiment
amener une action pour les travailleurs et non pas un idéalisme irréalisable.
Tout cela dit, je crois que les étudiants se sont vraiment
mis la population de côté alors qu’ils auraient pu utiliser les médias à leur
avantage. Au contraire, les étudiants ont accusé les médias, en particulier La
Presse de Power Corporation, de se ranger du côté gouvernemental. Pire encore,
des journalistes qui se sont rangés du côté étudiant et qui couvraient les
événements dans les rues se sont fait violenter et l’on refusait de leur
parler. En s’attaquant à la liberté d’expression des médias, on peut voir que
la stratégie des associations étudiantes est vraiment désespérée, comme on le
voit souvent chez les grands perdants politiques.
Plutôt, les étudiants devraient comprendre que le
renouvellement se fait grâce à notre système démocratique. Il aurait été
beaucoup plus stratégique de se rallier l’opinion publique à l’aide de forts
moyens médiatiques afin qu’aux prochaines élections, un gouvernement qui serait
plus favorable aux politiques étudiantes remporte le pouvoir. La population
semble maintenant plutôt du côté gouvernemental en raison de l’intransigeance
des étudiants et des manifestations parfois violentes.
Alors chers étudiants, je crois que c’est le temps de se
sortir la tête des nuages et que la bataille si elle continue de cette manière
s’avère perdue. Arrêtez de faire gagner des appuis au gouvernement Charest jour
après jour!
La Presse, 15 mai 2012
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