Après que Bob Rae ait
annoncé son intention de continuer à remplir son rôle de chef par intérim du Parti libéral du
Canada et de renoncer à se lancer en campagne pour obtenir le poste permanent,
l’avenir du Parti libéral est encore davantage incertain.
Je crois que Bob Rae
a pris une décision très sage en décidant de ne pas participer à la course.
Effectivement, depuis qu’il est à la tête du parti libéral, le parti a peu
bougé en ce qui concerne les intentions de vote dans les sondages, même si
ceux-ci ne valent pas grand-chose lorsque les prochaines élections ne sont que
dans trois ans. Ayant tenté de ravir les rênes du PLC deux autres fois auparavant,
M. Rae n’était aussi pas l’idée que l’on pourrait se faire d’un renouvellement
du parti.
Cependant, loin de
moi l’intention de dire que M. Rae est un homme politique incompétent. En
prenant cette décision, il a respecté une promesse et a laissé ses propres
intérêts pour le bien-être du parti. De plus, M. Rae possède une énorme
expérience politique qui est un atout essentiel aux libéraux. Il a aussi prouvé
sa grande capacité à s’attaquer au bilan des Conservateurs lors des périodes de
questions et s’est profilé comme un très habile orateur.
Peu après l’annonce
du refus de Bob Rae de se présenter à la course au leadership, on apprend de plus
en plus des médias que la pression est davantage exercée sur Justin Trudeau
pour se présenter en tant que candidat à la chefferie du PLC. Pour certains, M.
Trudeau est vu comme le sauveur du parti qui permettrait une remontée du Parti
libéral. Bon, on peut certainement s’attendre à ce que celui-ci décide de se
lancer dans la course, mais la prédiction des médias en ce qui concerne les
intentions de Rae se sont avérées être complètement fausses. Je veux rester
prudent pour l’instant, mais il est quand même intéressant d’analyser la
situation avec Trudeau dans la course pour obtenir le poste de chef du parti.
Il est indéniable que
Justin Trudeau représente un espoir de renouvellement par sa jeunesse au PLC,
tout en creusant en quelque sorte dans les racines du parti avec le nom
Trudeau. M. Trudeau est grandement présent sur la scène médiatique et possède
un charisme que nul autre politicien au sein du Parti libéral n’espère même
atteindre. Il a une des plus grandes armées de suiveurs sur Twitter et incarne
les valeurs des jeunes militants au sein du PLC qui, comme démontré dans la dernière
conférence du PLC, commence à être de plus en plus important.
En même temps, il est
important de ne pas considérer Justin Trudeau comme un sauveur juste par son
nom. M. Trudeau possède encore assez peu d’expérience politique en comparaison
avec les autres possibles candidats à la chefferie et face au chef du Nouveau
Parti démocratique, Thomas Mulcair. Dans le même ordre d’idées, M. Trudeau a
très peu exposé son idéal gouvernemental en raison de son nombre d’années au
Parlement qui est plus petit que ses possibles adversaires. De plus, le nom
Trudeau rappelle le Programme énergétique national de son père et il est
possible que ce nom aliène les électeurs de l’Ouest canadien. De plus,
plusieurs observateurs conservateurs se réjouiraient d’une élection de Justin
Trudeau en tant que chef des Libéraux. Effectivement, cela polariserait encore
plus le débat qu’il ne l’est en ce moment et diviserait les forces
progressistes.
En plus d’une
possible entrée de Trudeau dans la course à la chefferie, plusieurs autres
possibles candidats rayonnent par leur compétence, sans toutefois arriver à la
cheville de Trudeau en ce qui est du charisme politique. On entend souvent
parler du nom de David Mcguinty, qui a été avocat avant environnemental avant
de devenir député et qui est une voix forte du parti libéral dans la critique
environnementale. Marc Garneau semble aussi l’intention de se déployer dans la
course au leadership. Astronaute connu et ancien recteur de l’Université
Carleton et ayant reçu plusieurs prix nationaux, Garneau s’est aussi avéré être
un parlementaire compétent.
Pour gagner la voix
des électeurs, le Parti libéral devrait toutefois tenter de se distancer du
Nouveau Parti démocratique et d’incarner la position centrale qu’il a occupée
pendant de maintes décennies. Le parti a besoin d’incarner l’image de la
fiscalité responsable telle que réclamée par les Conservateurs et souvent
oubliée par les Néo-Démocrates. Le Parti libéral a aussi besoin de se dorer d’une
image progressive et promouvoir la liberté individuelle, tout en amenant un
sentiment de collectivité fort, principe au cœur du libéralisme classique.
Finalement, le Parti libéral doit amadouer les électeurs de l’Ontario puisque cette
province est la clé du parti qui espère remporter les élections.